Le mot d’Harmony
"Lorsque nous avons étudié la civilisation Sumérienne beaucoup de sujets ont retenu mon attention,
mais je me suis "éprise" d’un petit objet et du cimetière d’Ur, qui recèle un véritable trésor.
Il y a des termes, surtout des noms de dynasties, périodes etc….
qui ne vous diraient rien du tout, je vais donc essayer "d’écrémer".
Mais surtout n’oubliez pas en lisant, ou survolant ce billet, que ces oeuvres remontent à 8000 ans…."
billet en brouillon depuis avant mon opération….février 2008
tentative de restitution en image de synthèse
Ur – actuellement Tell el-Mukayyar :
la cité, les tombes royales, les rites funéraires et l’étendard
La ville d’Ur fut fondée vers la fin du Ve millénaire av. J.-C.
Elle fut très riche durant la période dynastique archaïque comme en témoigne le Cimetière royal d’Ur.
De 2112 à 2004 av. J.C elle s’administre en nommant des gouverneurs interchangables
qui ne dépendent que du roi.
Des envoyés rendent compte au souverains de tout ce qui se passe en province.
Ce dernier est le chef suprême de l’armée, à son service,
il dispose de toute la démocratie la plus élaborée de l’antiquité.
Toutes les transactions sont controlées quotidiennement,
tandis que la gestion des richesses stockées et redistribuées
procure à l’état une grande part de ses revenus,
celui-ci reçoit les contributions volontaires des gouvernements et les taxes.
Tributs et butins enrichissent le trésor, des milliers de journaliers cultivent la terre,
récoltent et creusent des canaux pour assurer une bonne irrigation.
Un commerce prospère se développe, permettant aux villes et aux temples de s’enrichir.
La ville fut mise à sac vers 2007 avant J.-C., perdant à jamais sa suprématie.
Elle ne rayonna plus que sur le plan religieux, et fut abandonnée au IVe siècle av. J.-C.
suite à un changement du cours de l’Euphrate.
Tablette portant le texte de la lamentation sur la destruction d’Ur
Vie quotidienne à Ur
Les habitants les plus pauvres occupaient de modestes maisons,
alors que les plus riches possédaient des maisons avec de nombreuses pièces,
et parfois même une chapelle privée. L’ameublement semblait assez sommaire :
tabouret, table, coffre en bois. Bien que l’on ait retrouvé des lits,
la plupart des gens dormaient sur des nattes. L’éclairage se faisait uniquement par les portes.
Les tablettes d’argile gravées nous permettent de bien connaître la vie quotidienne à Ur.
L’organisation sociale est très hiérarchisée et non égalitaire, ni entre les sexes, ni entre les couches sociales.
Le système social étant patriarcal, tous les avantages sont accordés à l’homme :
Une femme adultérine est mise à mort , un mari peut prendre une seconde femme et lui faire des enfants
Si un homme marié ne veut plus de sa femme, il lui suffit de verser de l’argent,
si une femme mariée veut changer de mari, elle est mise à mort
Seuls les enfants des familles aisées vont à l’école appelée « maison des tablettes ».
Il leur fallait apprendre les 600 signes qui composent l’écriture cunéiforme sumérienne.
Ils apprenaient également les mathématiques et la grammaire.
Un « chargé du fouet » faisait régner la discipline.
De ces écoles austères sortaient les futurs scribes,
sur lesquels reposait tout le système administratif et religieux.
Les enfants des familles plus pauvres travaillent aux champs
ou des dans les ateliers dès leur plus jeune âge.
Parfois, les pères les vendaient comme esclaves. Les filles ne bénéficiaient d’aucune scolarité.
Les femmes travaillaient essentiellement dans la filature.
La laine était l’une des plus importantes industries.
Les artisans étaient regroupés par corporation et par quartier.
Ils étaient, pour la plupart, payés mensuellement en ration de nourriture, l’orge par exemple.
Au plus bas de l’échelle sociale se trouvaient les esclaves,
prisonniers de guerre, enfants vendus ou hommes endettés.
Mais, assez paradoxalement, l’esclave dispose d’un statut :
il a le droit de monter une affaire, de posséder des biens, de racheter sa liberté.
Ur, patrie d’Abraham ?
« Térakh engendra Abram ……Aran mourut en présence de Térakh, son père,
dans le pays de sa naissance, à Our des Chaldéens ……et Sarah, sa belle-fille …
et ils quittèrent ensemble Our des Chaldéens, pour se rendre dans la terre de Canaan...
Des chercheurs découvrirent que certains passages des Ecritures se rapportaient à des évènements
et des lieux ayant existé.
Ur, victime du Déluge ?
Dans la mythologie sumérienne, le Déluge est décrit exactement comme dans la Bible.
Seul le nom de l’élu change et Noé devient Outa-napishtim.
Lors de l’excavation du cimetière royal, l’archéologue Wooley mis au jour une couche d’argile épaisse de 3 m.
Elle contenait des débris d’embarcation datant de 4000 ans avant notre ère.
Il y a bien effectivement la preuve d’inondations. Mais s’agit-il du Déluge?
Ur,ruines avec au premier plan les tombes royales
Le cimetière royal d’Ur
ornement félin retrouvé dans une tombe royale
C’est en 1927, dans les ruines de l’ancienne capitale d’Ur (Our) que des archéologues anglais
font la plus extraordinaire découverte : des tombes royales qui sont remplies d’un véritable trésor.
Ces sépultures nous donnent également de nombreuses précisions
sur les rites funéraires de la Mésopotamie ancienne.
Daté du XXVIe siècle av. J.-C., le cimetière contient plus de 1800 tombes,
dont 16 tombes royales, construites en pierre ou en brique et voûtées en encorbellement,
recelant de grandes quantités d’objets : vases et coupes d’or et d’argent,
poignards d’or à pommeau d’argent ou lapis-lazuli, lyres décorées de têtes de taureau,
statuette du « bélier pris dans le buisson » en bois plaqué d’or et de lapis-lazuli,
l’étendard d’Ur en nacre sur fond de lapis-lazuli, diadème de feuilles d’or etc…
La tombe de la reine Puabi
La reine ou prêtresse a été enterrée couchée sur un brancard en bois.
Elle a été identifié grâce à un cylindre portant son nom placé auprès du corps.
Son corps était recouvert d’une véritable cape,
ensemble de colliers constituées de perles en lapis-lazuli et en cornaline,
s’étirant entre ses épaules et sa ceinture. Les doigts des mains étaient couverts d’anneaux.
Elle portait un peigne en or dans les cheveux et des boucles d’oreille en or en forme de croissant.
Un diadème, composé de perles en lapis-lazuli
et de pendants aux formes animales et végétales était posé sur une table auprès de sa tête.
Deux « servantes » ont été enterrées avec elle, l’une accroupie auprès de sa tête, l’autre à ses pieds.
Elles-mêmes portaient une coiffure composée de feuilles d’or, des boucles d’oreille d’or,
des colliers d’or, de lapis-lazulli et de cornaline.
Dans un puits attenant à cette tombe, Woolley a retrouvé un char en bois
tiré par une paire de bœufs accompagné de quatre palefreniers
et un coffre en bois qui devait servir de garde-robe
comme l’atteste la présence de 12 servantes à ses côtés.
On y a également retrouvé une harpe ouvragée avec une tête de taureau.
La tête est faite de feuilles d’or et la toison est ciselée dans du lapis-lazuli.
Le taureau symbolisait la force et la fécondité.
Harpe ouvragée. (British Museum).
On a exhumé des coiffes en lapis-lazuli, ornées de feuilles en or, des poignards en or,
des tables de jeu faites de carré de coquillages,
coquillages, os et lapis-lazuli
des couronnes de feuilles d’or qui étaient le symbole de la puissance.
Casque-perruque en alliage naturel d’or et d’argent porté par le roi Meskalamdug,lors des batailles.
Vers 2450 avant notre ère. Musée de Bagdad.
A Ur, le personnel du roi l’accompagne dans l’au-delà :
59 hommes, 19 femmes et deux chariots à 6 bœufs dans la tombe appelée « chambre du roi »,
2 personnes dans le caveau de la reine Pû-abi et 10 femmes,
5 soldats et un char attelé de 2 bœufs dans le corridor d’accès,
68 femmes et 6 hommes dans le « grand puits de la mort ».
Il ne s’agit pas d’exécutions, mais plutôt de suicides collectifs,
les individus tenant généralement une petite coupe qui a sans doute contenu le poison
qu’ils s’étaient administré eux-mêmes.
C’est sur le corps des êtres humains que les animaux ont été ensuite sacrifiés.
Ce rite d’accompagnement est pour le moment unique en Mésopotamie.
L’étendard d’Ur
La plus grande des sépultures était vide car elle avait été pillée
mais il y restait ce que l’on a appelé « l’étendard d’Ur ».
"Etendard d’Ur" British Museum
Chaque grande face est disposée, sur trois registres,
une frise de personnages et d’animaux sculptés
dans des plaquettes de coquilles entourées de lapis-lazuli,
le tout incrusté dans une épaisseur de bitume noir
Il s’agit d’une mosaïque composée de coquille marine, de lapis-lazuli et de cornaline,
incrustée sur un petit coffre de bois de 27 cm de haut et 48 de long.
Ce diptyque composé de deux panneaux représente sur une face la guerre et sur l’autre la paix.
L’étendard d’Ur date probablement de 2600 av. J.-C.
L’ensemble reconstitué par l’archéologue anglais Wooley est soutenu par une structure en bois.
La frise se lit de bas en haut, le lutrin est fermé à chaque extrémité
par une pièce triangulaire de même facture.
Wooley suggère qu’il était transporté sur une hampe, porté comme étendard.
On a également supposé que c’était la caisse de résonance d’un instrument musical.
(cet avis était partagé par mon prof et je le crois volontiers)
Cet objet est peut-être la première bande dessinée de l’humanité….
La Paix
Panneau dit de la Paix
La représentation du banquet est un symbole fort, en Mésopotamie,
compte tenu de ses fonctions sociales et politiques.
Sur le registre bas
les serviteurs portent à dos les sacs contenant des grains
(le port à dos d’homme était courant sur de courtes distances) séparés par des onagres,
animaux de bat par excellence avant l’élevage du cheval.
Le registre du milieu
montre le bélier symbolique sacrifié en l’honneur des Dieux, utile procurant la laine, le cuir, la viande;
le bœuf animal commun à cette époque utilisé pour sa viande, sa puissance de travail,
tirant les chariots et la charrue.
De nombreux serviteurs encadrent les animaux.
Enfin un homme tenant dans sa main un poisson, aliment principal des sumériens
du fait de son abondance dans les fleuves, les canaux.
Ces deux registres sont relatifs à la préparation du banquet.
Le registre haut
présente un personnage important, peut être le roi-prêtre,
revêtu d’une robe d’apparat –le kaunakés– gobelet à la main, entouré de serviteurs,
faisant face à des convives qui participent à une libation;
à l’extrême droite un harpiste et une chanteuse animent la réunion
à noter la forme de la harpe et la tête de taureau ornant l’avant de l’instrument.
Les trois registres sont encadrés par une frise de pièces géométriques en coquille et cornaline.
"Paix," détail d’un musicien.
La Guerre
"Guerre" est une des premières représentations d’une armée sumérienne,
engagée dans ce que l’on pense être une escarmouche frontalière et ses conséquences.
La scène de bataille comprend des chariots à quatre roues, tirés par une espèce d’équidé,
dont il a été supposé qu’il s’agissait d’Onagres, des soldats portant des vêtements de protection,
et d’autres soldats d’infanterie avec des épées ou des haches.
Le panneau montre également des prisonniers blessés, nus et humiliés, présentés au roi.
le registre du bas
présente de lourds chars à quatre roues pleines utilisés en Mésopotamie au début du III ème millénaire ,
conduit par un cochet devant un lancier, à noter l’harnachement des quatre onagres: sur le dos un passe-guide,
les rennes aboutissant aux naseaux de l’animal, à l’avant du chariot un stock de lances de réserve.
Le registre du milieu
présente un groupe de fantassins revêtus d’une courte tunique en cuir,
dans la main droite une lance, la tête protégée par un casque de cuivre,
le corps recouvert d’une cape de cuir parsemée de ronds en métal.
A droite les soldats poussent devant eux les prisonniers nus.
Le registre supérieur
comprend un char vide d’occupants, le chef de la troupe,
peut être le roi-prêtre, auquel on présente les vaincus nus, les coudes liés dans le dos,
d’autres soldats en tenue plus légère tenant dans la main gauche une lance, dans la droite une hache.
Détail représentant des combattants sur un char tiré par des onagres
qui piétinent les cadavres nus des vaincus.
Les sujets sont gravés sur de la coquilles qui se détache particulièrement bien sur un fond de lapis-lazuli.
Quelles significations attribuer à l’Étendard ?
Il n’y a que des hypothèses:
– la représentation d’un évènement réel,
la guerre et la victoire de la cité d’Ur conduite par le personnage central.
– l’évocation d’une scène imaginaire et idéalisée, simple œuvre artistique,
– dans quel ordre doit-on lire les faces,
face de la Paix comprenant le banquet rituel en vue d’une prise de décision
quant à la guerre ou bien, le banquet après la victoire,
la présence de l’objet découvert à coté d’un défunt indique t’elle
qu’il a été sa propriété et dans ce cas où le situer sur la fresque ?
Les marqueteries réalisées sont d’une perfection et d’une valeur artistique inégalées en Mésopotamie.
La taille de l’ivoire et des coquillages de nacre est un exemple de l’habileté des artisans de l’époque.
Les matériaux
– l’ivoire
défenses d’éléphants et dents d’hippopotames, travaillé dès le IV ème millénaire en Anatolie et au Levant,
– la coquille de nacre
obtenue à partir des coquillages marins, extrêmement fragile,
suppose une sûreté d’exécution sans bavure ni reprise,
– le lapis-lazuli
origine d’Afghanistan, importé dès le début du III ème millénaire,
poli sert à garnir le fond des panneaux de bitume,
– la cornaline
origine de l’Indus, couleur rouge,
– l’albâtre
connu dès la plus haute antiquité,
– le bitume
mélange de carbure d’hydrogène, sous forme liquide ou solide,
abondant dans le sous-sol mésopotamien , couleur blanche ou noire,
– la turquoise et l’hématite
Les artisans
une tête de taureau dont la marqueterie est sublime
Les tombes du cimetière royal ont livré des objets traduisant le niveau de perfection technique
et artistique atteint par les Sumériens.
Les artisans se sont spécialisés, vers la fin du IV ème millénaire et le début du III ème millénaire
avec la création d’outils propres à chaque activité.
Parmi les objets découverts ,
une lyre en bois constitue l’un des plus anciens instruments de musique connus à ce jour.
Elle est décorée d’une tête de taureau en or et lapis-lazuli,
incrustée d’une plaque représentant des animaux mythiques, exposée au musée de Bagdad,
elle fait partie des objets dont le sort est incertain depuis son pillage en avril 2003.
Les outils
forêt à archet avec une pointe de pierre dure ou de métal montée sur un axe en bois ou en os, poinçon,
allène, ciseau, pierre à polir utilisant du sable de différentes granulométrie.
Les objets décorés à l’aide de cette technique sont très variés:
ici une table de jeux
caisses de résonance de lyres incrustées de pièces géométriques
disposées de manière telle que la palette de couleurs rend la pièce chatoyante,
les figurines trouvées représentent des personnages ou des animaux qui,
disposés sur un panneau, illustrent les scènes de la vie quotidienne.
Le travail le plus abouti retrouvé à ce jour est l’Étendard d’Ur".
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